Je reste attentif à mes pensées et mes sentiments . Je distingue l'essentiel de l'insignifiant pour agir d'une façon juste aux exigences du moment. J'approfondis tout choses pour comprendre le principe de la vie.
Pendant ma tendre enfance, j'avais du mal à vivre dans mon corps, comme si un élément me manquait et que j'allais suffoquer. Ceci n'était pas pensé mais ressenti de façon obscure. Je vivais souvent un temps distendu, dans un « autre monde ». Des heures, peut-être des minutes ou des secondes s'écoulaient, qui sait, car le temps m'était étranger. Je ne fermais pas les yeux. Je ne créais pas ce monde consciemment. Ces moments surgissaient tout naturellement, à n'importe quel moment. Par moment, dans mon imagination, une immense mer m’enveloppait, immense mais intime. J'y nageais comme un poisson heureux. Cette atmosphère aquatique était impénétrable par le soleil aveuglant et impitoyable que je savais quelque part là-haut. Des lueurs douces et subtiles d'indigo, de bleu marine et de turquoise pénétraient cette ambiance nébuleuse et énigmatique par vagues successives. Je distinguais de temps à autre une couleur sans forme précise. Je descendais au plus profond de cette mer pour explorer des cavernes sombres et mystérieuses, découvrant des créatures embryogéniques mi plante mi poisson et étranges... des coquillages, des exosquelettes, et toutes sortes de formes tout en rondeur. Je me sentais chez moi, en sécurité dans un océan de vie baignée d'une lumière transcendante d'amour et de chaleur.
J'approchai de mon deuxième nœud lunaire entre trente-six et trente-sept ans. Ce temps fut marqué par des expériences intérieures bouleversantes. Je me tais sur une d'elle pour dire juste que cela avait à faire avec la première rencontre de mon double. Si je me tais sur les détails c'est que c'était si éphémère que je doute de sa réalité. Mais je n'avais plus peur de mon côté noir. J'allais désormais l'embrasser avec amour pour le transformer.
Mon père était mourant. Je pris le temps « d'être » avec mon père en esprit tous les jours. Je revis intérieurement chaque moment intense que j'ai passés avec lui depuis mon enfance jusqu’à l’âge adulte. Un jour je me réveillai après une sieste et j'entendis clairement qu'il m'appelait : « Martina... ». J'ai tout de suite compris qu'il avait enfin quitté son corps. Je ne le verrai plus. Le jour-même je reçus un message de ma sœur qu'il était parti. Je calculai et je compris que l'heure de son départ correspondait au moment où je l'ai « entendu » m'appeler.