Martina Westover

Entre 35 et 42 ans, encore des moments de grandes solitudes.

Je préserve la lumière cachée en moi dans l'adversité. J'agis avec lucidité et modestie au bon moment.

Je sent que mon ange s'éloigne pour me laisser de plus en plus libre d'agir sur terre. Je commence à me sentir chez moi et j'écrit ceci :

Un Hymne pour la terre

Comme nouvelle patrie, tu as été nommée,
Alors que je descendais la pente abrupte,
Aspirée par la force de ton appel.
Mais en bas je me suis sentie bannie de mon ancien berceau.
Je ne t'ai plus reconnue.
Tu me semblais si froide, si étrange.
J'errais partout comme une folle.
Qui pouvait me guérir?
Puisque tout me torturait,
Je voulais m'enfuir loin...
Pour retrouver ma patrie au ciel,
La patrie à moitié perdue
Mais non oubliée.
Longtemps il fallut pour me libérer de cette envie.
Autrefois, debout sur des pierre dures,
Je les tiens maintenant comme des cadeaux purs.
Je t'embrasse comme les anciennes prêtresses.
Tu t'éveilleras en moi
Et en toi je chercherai les mondes
Que jadis je ne cherchais que parmi les étoiles.

 Un après-midi au travail, j’eus un moment de très grande fatigue. Je voulais dormir, tant j’étais exténuée. Mais il fallait rester vigilante à tout moment, même pendant la sieste de mes élèves. Soudain, je me suis trouvée dans un état second et en un instant toutes les expériences « spirituelles » que j'avais vécues depuis mon enfance se sont déroulées devant mes yeux intérieurs. Toutes les grandes et petites révélations me sont revenues à l'esprit. N'ayant pas le temps de les écrire, mais ayant peur de les oublier j’ai vite dessiné chacune d’elles avec une image clé. Je venais d'avoir vingt-neuf ans. Cette septaine a débuté avec ce cadeau merveilleux. Car la « descente » allait être de nouveau de plus en plus difficile. Et l'évocation de ses souvenirs m'a bien aidée à surmonter des obstacles.

Copie de la série "Regard Intérieur" de 2011 pour le parcours de Branch'âge.

Encounter on the Wings of an Angel

Une idée qui me préoccupait beaucoup, c'était la question sur la continuité du monde. C'était je pense autour de mes neuf ans que cette question commença à me travailler. Quand s'est-elle formulée dans mon esprit pour la première fois? Je ne m'en souviens pas. Elle semblait avoir été tout simplement là dans mon esprit depuis toujours. Cette question était: « Le monde continue-t-il d'exister quand je ferme mes yeux ? » J'étais si persuadée que j'étais une participante active au devenir de la Terre. Si j'arrêtais de la regarder, comment pouvait-elle continuer à exister ? Sans moi la Terre allait sûrement se désintégrer et mourir. Je passais de longs moments à des expérimentations, mais en trichant. Je fermais mes yeux un moment pour laisser les choses se faire tranquillement, après quoi je plissais mes yeux pour voir à travers les petites fentes. J'étais perplexe de constater que le monde autour de moi était toujours présent. Enfant je n'ai jamais résolu ce mystère. La question me poursuivra toute ma vie.