Un soir avant de m'endormir j'ai médité sur la signification de la croix. Après un moment long et intense, j'ai lâché l'image de la croix pour me trouver dans la non-pensée, dans un vide absolu. Je me sentais en paix dans ce vide et ce silence total. Tout simplement « j'étais ». Alors d'une façon fulgurante le voile de l'espace/temps s'est déchiré. Un rayon éblouissant chargé d'une force quasi électrique et foudroyante est descendu des hauteurs du cosmos, a transpercé ma tête et a traversé ma colonne vertébrale. Tout mon être s'est trouvé amplifié par une force vitale exaltante. J'avais l'impression de renaître.
De la mi-vingtaine à la mi-trentaine, j'avais souvent l'impression de me sentir dans un précipice surplombant un abysse. Pendant ces moments, j'avais l'impression que mon corps physique était sur le point de se dissoudre dans le néant. Une grande peur agrippait mon âme car j'avais l'impression de perdre conscience pour toujours et à jamais. Ces moments me sont venus à l'improviste ou au milieu d'une médiatisation. J'appellerais alors mon esprit dans mon corps et penserais aux choses les plus terre-à-terre, terre-à-terre. Pour chaque fois j'ai craint que je n'étais pas suffisamment préparé pour franchir le seuil.
Je sent que mon ange s'éloigne pour me laisser de plus en plus libre d'agir sur terre. Je commence à me sentir chez moi et j'écrit ceci :
Un Hymne pour la terre
Comme nouvelle patrie, tu as été nommée,
Alors que je descendais la pente abrupte,
Aspirée par la force de ton appel.
Mais en bas je me suis sentie bannie de mon ancien berceau.
Je ne t'ai plus reconnue.
Tu me semblais si froide, si étrange.
J'errais partout comme une folle.
Qui pouvait me guérir?
Puisque tout me torturait,
Je voulais m'enfuir loin...
Pour retrouver ma patrie au ciel,
La patrie à moitié perdue
Mais non oubliée.
Longtemps il fallut pour me libérer de cette envie.
Autrefois, debout sur des pierre dures,
Je les tiens maintenant comme des cadeaux purs.
Je t'embrasse comme les anciennes prêtresses.
Tu t'éveilleras en moi
Et en toi je chercherai les mondes
Que jadis je ne cherchais que parmi les étoiles.