Un jour je voyais que les plants de poivrons que j'avais mis en terre deux jours avant n'allaient pas bien. J'ai demandé aux esprits de la nature de m'aider à comprendre le problème. Je ne voyais toujours pas les êtres invisibles de la nature, mais je savais qu'ils étaient présents. Une nuit d'été j'ai rêvé ce genre de rêve qui semble plus réel que la vie éveillée. Il faut dire que j'étais toujours si fatiguée à l'époque que j'avais souvent le sentiment de ne pas être présente. Des dizaines et des dizaines de petits êtres sautaient sur mon lit très joyeusement. Ils m'ont encerclée en disant, « Martina, tu nous a appelés pour demander de l'aide. Nous avons entendu ton appel. Veux-tu venir avec nous? ». Au moment où je répondis oui, ils m'ont emmenée. Je me suis trouvée au pied de grands arbres avec des fruits rouges comme des pommes. Mais petit à petit je compris que j’étais dans mon potager, debout au pied des plants de poivron. J’étais devenue minuscule. Et je me suis exclamée, « mais je suis toute petite et les poivrons grands et les fruits rouges. Pourquoi ? ». Les êtres m'ont répondu, « Ici dans ce monde où tu te trouves, tout est le contraire. Tu es le monde astral où tout est à l'envers. Veux-tu notre aide ? Écoute bien et nous allons t'expliquer comment soigner les poivrons ». J’écoutais avec tout mon cœur. J'avais 29 ans.
J'approchai de mon deuxième nœud lunaire entre trente-six et trente-sept ans. Ce temps fut marqué par des expériences intérieures bouleversantes. Je me tais sur une d'elle pour dire juste que cela avait à faire avec la première rencontre de mon double. Si je me tais sur les détails c'est que c'était si éphémère que je doute de sa réalité. Mais je n'avais plus peur de mon côté noir. J'allais désormais l'embrasser avec amour pour le transformer.
Pendant ma tendre enfance, j'avais du mal à vivre dans mon corps, comme si un élément me manquait et que j'allais suffoquer. Ceci n'était pas pensé mais ressenti de façon obscure. Je vivais souvent un temps distendu, dans un « autre monde ». Des heures, peut-être des minutes ou des secondes s'écoulaient, qui sait, car le temps m'était étranger. Je ne fermais pas les yeux. Je ne créais pas ce monde consciemment. Ces moments surgissaient tout naturellement, à n'importe quel moment. Par moment, dans mon imagination, une immense mer m’enveloppait, immense mais intime. J'y nageais comme un poisson heureux. Cette atmosphère aquatique était impénétrable par le soleil aveuglant et impitoyable que je savais quelque part là-haut. Des lueurs douces et subtiles d'indigo, de bleu marine et de turquoise pénétraient cette ambiance nébuleuse et énigmatique par vagues successives. Je distinguais de temps à autre une couleur sans forme précise. Je descendais au plus profond de cette mer pour explorer des cavernes sombres et mystérieuses, découvrant des créatures embryogéniques mi plante mi poisson et étranges... des coquillages, des exosquelettes, et toutes sortes de formes tout en rondeur. Je me sentais chez moi, en sécurité dans un océan de vie baignée d'une lumière transcendante d'amour et de chaleur.