Un soir avant de m'endormir j'ai médité sur la signification de la croix. Après un moment long et intense, j'ai lâché l'image de la croix pour me trouver dans la non-pensée, dans un vide absolu. Je me sentais en paix dans ce vide et ce silence total. Tout simplement « j'étais ». Alors d'une façon fulgurante le voile de l'espace/temps s'est déchiré. Un rayon éblouissant chargé d'une force quasi électrique et foudroyante est descendu des hauteurs du cosmos, a transpercé ma tête et a traversé ma colonne vertébrale. Tout mon être s'est trouvé amplifié par une force vitale exaltante. J'avais l'impression de renaître.
J'approchai de mon deuxième nœud lunaire entre trente-six et trente-sept ans. Ce temps fut marqué par des expériences intérieures bouleversantes. Je me tais sur une d'elle pour dire juste que cela avait à faire avec la première rencontre de mon double. Si je me tais sur les détails c'est que c'était si éphémère que je doute de sa réalité. Mais je n'avais plus peur de mon côté noir. J'allais désormais l'embrasser avec amour pour le transformer.
Je reste attentif à mes pensées et mes sentiments . Je distingue l'essentiel de l'insignifiant pour agir d'une façon juste aux exigences du moment. J'approfondis tout choses pour comprendre le principe de la vie.
Un jour, je pense que j'avais neufs ans, je me suis promenée dans une rue de notre quartier. Je ne pensais rien de précis et me sentais plutôt bien.
Subitement, j’eus l'impression que j'étais en train de mourir, que j'allais mourir là, tout de suite. Je n’eus pas le temps de réfléchir à ce qui m'arrivait car immédiatement après, j’eus la nette impression que je venais de renaître. Et à ce moment-là, je compris que j'étais en train de mourir et de renaître sans arrêt dans un cycle éternel. J'avais vaguement le sentiment que ce cycle était inscrit dans mon corps. J'ai réalisé que ce phénomène se déroulait continuellement et si rapidement que personne hormis moi ne pouvait s'en apercevoir. Au même instant j'étais submergée par une grande tristesse. Je voulais expliquer à mes parents que j'étais entrain de mourir. Ils avaient le droit de savoir quand même. Il fallait qu'ils sachent que le processus s'était déjà déclenché en moi. Mais je savais aussi qu'ils n'allaient pas comprendre que tout cela n'était pas grave puisque je renaissais après chaque mort. Et que cela se passera jusqu'à mon ultime mort. Non, je ne pouvais pas le leur dire, alors je me suis tue. Au moment où je suis devenue consciente de ces forces de la mort, la vie de la pensée s'est réveillée de plus en plus fort en moi.